Le soleil caresse ma peau avec une douceur étrange, alors que la chaleur de la pièce m’enveloppe calmement. Mon corps bouge sous les couvertures, frôlant le sien, encore endormi à mes côtés. Un sourire s’affiche sur mon visage, ouvrant les yeux pour faire face à la réalité. Son ventre rebondi laisse entrevoir la vie qui grandit en elle, cet héritier que j’avais amoureusement engendré. Si je n’avais jamais vraiment cru en l’amour avant elle, à présent, je me trouvais marié en attente d’un enfant. Me tournant pour lui faire face, ma main glisse sur son ventre, caressant du bout des doigts sa peau tendue. « Mmmm, tu me fixes encore. » Sa voix endormie résonne à mes oreilles comme une douce mélodie, alors qu’elle affiche un sourire amusée. Son regard bleu s’entrouvre et mon cœur s’accélère. « Je ne voulais pas te réveiller. » Mon père souhaitait me voir pour un entraînement. Né dans une famille de loup-garou, j’avais hérité d’un père Alpha et d’une mère caractérielle. Il était donc évident que mon chemin était tout tracé dans leur tête, étant destiné à suivre les traces de mon géniteur dans ce pays qu’était la belle Russie. Venant déposer un baiser sur ses lèvres, je glisse en dehors des couvertures, laissant entrevoir un corps parsemé de nombreuses cicatrices. « Il faut que j’ailles voir mon père, il veut qu’on s’entraînes. Repose-toi, il te reste trois semaines à tenir avant de voir notre fils pointer le bout de son nez. » Elle gémit légèrement devant ce rappel, alors que je la sais impatiente de retrouver sa fine silhouette et toutes ses facultés de louve. J’avais tendance à la surprotéger, allant jusqu’à la faire suivre par d’autres loups pour lui assurer une sécurité totale. « Oh oui, vite qu’il sorte…j’ai l’impression d’être aussi grosse qu’une baleine. » Je ris en me levant, ayant enfilé un jeans au passage. « Chérie, tu es et resteras la plus belle à mes yeux. » Me penchant sur le lit, elle sourit contre mes lèvres alors qu’un grognement de mécontentement s’échappe de sa gorge pendant que je m’éloigne. « Ne grogne pas bébé, je reviens vite…Je t’aime. » Et c’est comme ça que je sortis de chez moi, lui lançant un dernier regard. Elle est magnifiquement belle, le genre de femme au caractère brûlant comme la braise, à la beauté enflammée et envoûtante. J’étais marié depuis deux ans, deux ans de bonheur, d’amour et l’arrivé de notre enfant ne pouvait que me combler de bonheur. Je n’avais pas eu une vie facile, ni même réellement joyeuse. Mon père avait toujours été très autoritaire, ma mère trop souvent de son côté. J’avais été élevé dans l’optique, qu’un jour, j’allais devoir reprendre le flambeau de cette meute qu’il dirigeait, que les Bejinov dirigeait depuis trois générations. Trop de responsabilités, trop de chemins déjà tracé. Elle avait été la seule à me comprendre, savoir me dompter au point que je ne vois plus que par elle.


Les cris résonnent dans le QG de la meute, alors que le sang ne cesse de couler. Une simple réunion qui avait mal tournée à cause des vampires qui nous avais attaqués. Je tentais de me débattre contre un suceur de sang, alors que les hurlements de mon fils résonnaient à mes oreilles. Il hurlait, elle aussi et je n’arrivais pas à les atteindre. Je devais les protéger, mais ils étaient tellement nombreux. Je parviens à enfoncer mes crocs dans la gorge du vampire, lui arrachant la tête dans coup sec. Le sang parsème ma fourrure noire et, au moment où je souhaite me relever, les cris…les cris avaient cessés. Je n’entendais plus mon jeune fils, ni même ma femme dans les grondements de cette bagarre. Mon regard lupin glisse dans la foule et là, le maxi cosi est renversé un corps inerte à quelques centimètres tenant un bébé tout aussi inerte. Mon cœur se fend et je m’écroule, la gorge serrée par l’anéantissement le plus total. « Dragomir, il faut partir, maintenant ! » Je me sens tirer alors que je reprenais forme humaine, le visage sanglant, les yeux brouillés par les larmes. « non…je…je peux… » « Ils sont morts ! » La voix de mon ami résonne et finalement, je me laisse tirer vers la sortie. Comment suis-je sorti de là vivant ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais les faits sont là, j’avais tout perdu… Deux jours plus tard je quittais la Russie, n’étant plus que l’ombre de moi-même. Mon ami avait disparu, me laissant seul et j’en étais heureux. Nous n’avions plus de meute, plus de famille. Deux seuls survivants d’une attaque traîtresse. Ils avaient tué tout le monde, y compris ma femme et mon fils de quelques mois. Ce jour-là, je me jurais de revenir et de tuer tous les vampires qui étaient responsables de ce massacre.


Mon corps se débat furieusement contre le sien, alors que les loups de la meute grondent autour de nous. Je venais d’arriver à Londres et, cette fois-ci, j’avais décidé de rester sur place, de recommencer une nouvelle vie. Pour ça, la seule chose à faire était de prendre possession d’une meute…L’alpha était en difficulté. Jeune, il était puissant mais n’avait pas eu mon entraînement. Nos sangs se mélangent, mes blessures sont nombreuses mais, après une lutte acharnée, mes crocs se referment sur sa gorge et lui arrache lui enlevant ainsi la vie. Le gout métallique du liquide vital me laisse un gout amer que, étrangement, j’apprécie de plus en plus avec les années. Mon corps meurtri par la bagarre reprend forme humaine et je grimace de douleur devant les loups, qui déjà, s’inclinaient devant moi. J’allais bientôt changer, devenir cet Alpha qu’ils allaient devoir suivre. Un sourire mauvais sur les lèvres, je sens mon cœur bondir dans ma poitrine, mon corps frémir sous la puissance du changement. Un cri animal résonne, s’échappe de mes lèvres et dès lors, je n’étais plus un loup, mais bien le nouvel Alpha de la meute de la City.


Mon regard ne cesse de l’observer alors que sa respiration calme se fait entendre à mes côtés. Il semble paisible, tellement paisible que ça me rend étrangement…calme. Ma tête repose dans ma paume, alors que mon coude s’enfonce dans mon coussin. Kylian avait passé la nuit chez moi, ce qui arrivait rarement. Voilà quelques temps que nous couchions ensemble et ce mec avait une emprise étrange sur moi, chose que je détestais. Lui et son arrogance, lui et sa désinvolture. Et pourtant, en le voyant ainsi je ne pouvais que le trouver merveilleusement beau. Mes doigts glissent doucement dans ses cheveux alors qu’il gémit, bougeant légèrement avant d’ouvrir les yeux. « Tu ne dors pas ? » Je hausse simplement les épaules, ayant retiré brusquement ma main pour pas qu’il ait conscience de mon signe d’affection. Avec le temps je m’étais plus accroché à lui que je ne voulais le laisser paraître. « Quesque ça peut bien te foutre que je dorme ou pas. » « Mmmm, de mauvaise humeur ? Viens ici, on va arranger ça. » Je souris avec amusement alors que sa main venait d’agripper ma nuque, m’obligeant à avancer mon visage vers le sien. Mes lèvres trouvent les siennes et mon cœur s’accélère. Je me détestais pour ça. Kylian était ma faiblesse et il ne s’en rendait même pas compte, c’était sûrement ça le pire.