Au cœur de la nuit, la brume s’installe doucement dans la capitale anglaise, englobant le pont de Blackfriars, si bien que la température semblerait presque avoir chuté. Les passants frissonnent, pressent le pas pour vite rentrer chez eux, craignent qu’une énième averse ne se déverse sur Londres, qui n’est pas forcément réputée pour son beau temps hivernal. Et dans l’obscurité, seules deux silhouettes semblent se mouvoir avec calme, sérénité, profitant d’une journée de plus que cette Terre peut leur apporter. Ils semblent à la fois si jeunes, et pourtant si âgés dans les traits de leurs visages. Peu savent que bien des fois, Tessa Gray et James Carstairs ont frôlé la mort, au cours des deux derniers siècles.

Dix années se sont écoulées depuis la fin de la guerre mortelle, opposant les chasseurs d’ombres à Valentin Morgenstern et les fidèles de son Cercle. Beaucoup de néphilims et de créatures obscures ont perdu la vie à cette époque, et la vie s’est doucement reconstruite, fragile. La paix entre les chasseurs d’ombres reste fragile avec les créatures obscures, les chasseurs de démons et enfants de l’Ange Raziel s’enfonçant trop souvent dans leur orgueil et leurs idées abruptes. L’institut de Londres est l’un des rares à vivre en presque parfaite entente avec vampires, loups garous et sorciers. Difficile de faire autrement lorsqu’on sait que le directeur de l’institut est marié avec une sorcière.

Tessa et Jem ont ainsi réussi à reconstruire l’institut, le retour de la Coupe Mortelle a permis la formation de jeunes terrestres dignes de rejoindre les rangs des chasseurs d’ombres. Seul le Petit Peuple semble garder le silence depuis dix ans, traité en paria par le Conseil à Idris, pays mystérieux et inaccessible aux humains. Malgré leur courage et leur ingéniosité, Clary Fray, Jace Herondale et les autres héros de la guerre mortelle n’ont pas su faire entendre leur point de vue sur l’entente avec les autres créatures. Le progrès va, doucement, mais la confiance n’est pas encore là. C’est exactement ce qui pourrait causer leur perte.

Car à l’autre bout de Londres, une femme semble perdue dans ses pensées, tandis qu’elle écrit avec acharnement sur un carnet dans sa chambre. Le don de seconde vue permet d’apercevoir les runes parcourant sa peau, mais également la couleur rosée de ses yeux. Mi-néphilim, mi-elfe, jugée ennemie, jugée dangereuse, et mise en exil depuis dix ans avec tant d’autres chasseurs d’ombres nés à moitié seelies. Reniés par leur race à cause de leur sang, eux qui se sont toujours battus à leurs côtés. Vengeance. Qu’elle écrit en lettres noires, terminant ainsi la lettre qu’elle a écrit à un autre exilé de Chine. J’ai trouvé notre vengeance. Qu’elle termine d’écrire, avant de refermer l’enveloppe qui en rejoint des dizaines d’autres, prêtes à être expédiées. Depuis dix ans, le Conseil s’acharne à répéter que les chasseurs d’ombres à moitié issus de la Cour des Lumières sont dangereux. Il est temps désormais de leur montrer combien ils le sont réellement.

Londres, 2017. Paix vacillante. Dix ans prêts à voler en éclat à cause de l'orgueil mal placé des chasseurs d'ombres. Le fragile équilibre semble sur le point de sombrer dans une nouvelle guerre impitoyable. Dans l'ombre, les choses bougent et eux, ils ne voient rien.